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La transformation du Private Equity : résilience, ESG et digital
« There is no new normal », ainsi débute sous la plume de Hugh MacArthur, directeur international du Private Equity chez Bain & Company, cette 12eme édition du rapport. Une phrase symbole de l’année écoulée, portée par une crise sanitaire sans précédent dans notre histoire contemporaine.
Si le contexte a révélé les faiblesses de l’économie mondiale, il a également mis en lumière la résilience de ses acteurs et leur capacité d’adaptation en situation exceptionnelle. Globalement, le capital investissement a réussi à traverser la tempête sans en subir les contrecoups.
Des leçons durables sont à tirer de l’année écoulée, à commencer par une société en profonde mutation avec des préoccupations environnementales et sociales que ne peuvent plus négliger les acteurs du Private Equity.
Parmi les grands indispensables de demain, le rapport met également en avant l’impératif de la transition digitale, passage obligé pour conserver la relation client. Le digital permet de répondre aux nouvelles attentes des clients et des partenaires tout en gardant la capacité de prendre des décisions stratégiques en toute circonstance, avec la possibilité de signer des deals rapidement sans nécessité d’hôtel ou d’avion.
Des perspectives engageantes pour 2021
Un des principaux chiffres à retenir de 2020 est la baisse des transactions de 24%, soit environ 1000 opérations de moins qu’en 2019.
Pourtant si le nombre des transactions a chuté, avec un arrêt de l’activité en avril et mai, leur valeur a triplé du deuxième au troisième trimestre, puis a augmenté de 65% du troisième au quatrième trimestre. Le deuxième semestre 2020 a finalement fait tout aussi bien que tout autre semestre des dernières décennies.
Le marché des transactions promet d’être particulièrement actif en 2021. Les données pour janvier et février indiquent une hausse des transactions de 60% en valeur par rapport aux cinq dernières années pour la même période.
Les investisseurs cherchant à rattraper le temps perdu, cette forte reprise économique aura un effet positif sur le nombre de deals notamment parmi les secteurs les moins affectés par la covid 19 et ceux ayant été favorisés.
Parmi les nouveautés marquées en 2020, ou renouveau, le retour en force des Spacs (Special Purpose Acquisition Company - ou Société d'acquisition à but spécifique), ces coquilles vides qui entrent sur le marché et émettent des titres en vue d’une acquisition future. Très populaires aux Etats-Unis, les fondateurs des Spacs font la promesse aux investisseurs de trouver la future perle rare à racheter.
Disparues après la crise financière de 2008 au profit d’un retour aux introductions en bourse traditionnelles, les Spacs ont fait leur retour en 2020 levant 83 milliards de dollars en capitaux frais.
Entre janvier et février 2021, 170 Spacs ont déjà levé plus de 50 milliards de dollars supplémentaires. Plus accessibles pour les investisseurs et proposant une alternative financière, les Spacs pourraient jouer un rôle significatif sur les marchés financiers.
Ouvrir le capital investissement aux critères ESG
A l’occasion du discours d’ouverture de l’évènement IPEM 2019, Valérie Orzon (CEO de Eurazeo) avançait déjà la responsabilité du capital-investissement dans la lutte contre les inégalités et les conséquences du changement climatique.
Un changement de cap qui passe par l'utilisation de critères ESG (environnement, social, gouvernance) pour guider la politique d'investissement.
En Europe, les régulateurs sont actifs avec la mise en place de la taxonomie de l’Union Européenne (UE Taxonomy) qui propose un système de classification des activités économiques durables et respectueuses de l’environnement. Ce dispositif entrera en vigueur en décembre 2021 obligeant les fonds de Private Equity à s’engager vers des projets ESG.
L’investissement responsable est une dimension en passe de devenir incontournable pour les Sociétés de Gestion de capital-investissement. Dans un secteur de plus en plus compétitif, ces critères vont conditionner la performance des Sociétés de Gestion tant au niveau des rendements de leur portefeuille que de leur image.
Longtemps sous-estimés, les ESG constituent une stratégie d’opportunités capables d’améliorer la pérennité et la résilience de l’industrie et d’influencer la performance des entreprises dans lesquelles elles investissent.
Les opportunités de la transition digitale
L’augmentation de la concurrence, du poids des contraintes règlementaires, de la montée des prix, etc, a entrainé une mutation du secteur ces dernières années au profit d’une spécialisation des fonds vers certaines industries.
Si le LBO reste la plus grande catégorie de fonds, leur part diminue. Growth equity, long hold, fonds à impact, etc. les fonds de Private Equity ont développé des expertises sectorielles et géographiques afin de se différencier et de répondre à la demande croissante des LP’s de plus de diversité dans l’offre d’investissement.
Parmi ces nouveaux domaines, celui de la tech est en plein essor. Les Sociétés de Gestion investissent de plus en plus dans le secteur des nouvelles technologies et la part des deals est passé de 20% à 30% en l’espace de 10 ans.
L’investissement dans les fintechs est un eldorado pour les Sociétés de Gestion, assurant un portefeuille diversifié de projets prometteurs et tendances, recherchés par une nouvelle génération d’investisseurs tournés vers l’innovation.
Cette immersion dans la tech a participé de la prise de conscience des Sociétés de Gestion du besoin de s’adapter et d’opérer leur transition digitale.
Les marchés financiers voient dans le digital l’opportunité de réduire leurs coûts de traitement, de fluidifier leur processus métier et d’améliorer leur résultat opérationnel.
Le digital est un modèle innovant permettant d’offrir à leurs collaborateurs de nouvelles expériences de travail.
Si les Sociétés de Gestion étaient déjà familières de solution big data, AI et autres outils de robots advisors, l’année 2020 a montré les avantages d’aller plus loin dans la dématérialisation des processus métiers tout au long de la chaine de valeur et d’accompagner ses acteurs dans la conduite du changement digital.
Au sein d’une industrie du capital-investissement toujours plus florissante, la concurrence s’intensifie et ses acteurs doivent s’adapter continuellement. La crise de 2020 a certes révélé les faiblesses structurelles des marchés mondiaux mais aussi la résilience de ses acteurs. Désormais il est temps d’avancer et de tirer des enseignements.
Parmi les « best practices » énoncées dans le rapport, on retiendra la nécessité de prendre au sérieux les critères ESG et de propulser les préoccupations environnementales au même rang que les préoccupations économiques. La société évolue et attends des marchés financiers une réponse à ses nouvelles demandes.
Le digital s’est révélé être un acteur désormais incontournable dans le processus de mutation du capital investissement. Le discours technologique a fait son chemin au sein des Sociétés de Gestion qui ont conscience de la nécessité de refondre leurs processus pour gagner en efficacité, productivité et répondre aux nouveaux usages clients.
Le Globla Private Equity Report est édité par le Cabinet de conseil Bain & Company : Retrouvez l"intégralité du rapport.